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Les lignes heureuses qui vont suivre parlent de nos trois premières semaines au Pérou. Elles ont été écrites avant le 15 mars 2017, avant les catastrophes qui ont frappé le pays. Nous essayerons de mettre des mots sur cette tragédie dans un article à venir.

 

Lima

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Quelques heures avant le décollage…

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Le temps d’une navette qui nous mène à l’aéroport de San José (Costa Rica), nous bavardons avec un couple d’Anglais connaissant bien le Pérou : « Le Pérou ? Un beau pays, mais c’est le Sud, il faut faire attention, surtout à Lima. Vols, arnaques, dangers sur les routes. Un pays plus dur que le Costa Rica… » Rien de bien réjouissant, hormis peut-être qu’il y a 30 ans, Monsieur y avait demandé la main de Madame.

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Quelques heures après l’atterrissage…

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« Lima avec des enfants » enter

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Arrivés à notre petit hôtel dans le quartier de Miraflores, nous faisons quelques recherches sur internet.

  • Lima : une ville grise, sale, où on ne s’est pas senti à l’aise…

  • Pour ce qui est de Lima, j'aurai tendance à conseiller de vous en échapper rapidement…

 

Nous ne savons pas ce que ces personnes ont vécu ni dans quels quartiers elles ont trainé et à quelle heure, c’est évident. Et vrai qu’il faut avoir le cœur bien accroché lorsque l’on prend un taxi pour le centre-ville. En revanche, maintenant que l’on a foulé les trottoirs de Lima de nos propres pieds, humé l’odeur de ses parcs, goûté à la fraîcheur de ses ceviches de pescado (marinades de poisson) et à son pisco sour (cocktail à base d’alcool de raisin), maintenant que l’on a un peu de recul, notre opinion dessine un Lima beaucoup plus coloré et sûr que cela.

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« Pour une fois, on a de la chance ! » répète Stéphane pour la centième fois depuis le début du voyage, en regardant Nathalie qui cligne de l’œil.

Une manière à nous de « toucher du bois ».

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Huaraz

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Il faut 8 heures de bus pour faire les 400 km séparant Lima de Huaraz, plus au nord. Ici, mieux vaut compter les trajets en temps plutôt qu’en distance car, selon l’état de la route, du véhicule et de l’humeur du chauffeur, 100 km peuvent se faire en une heure comme en cinq. (Pour la petite histoire, c’est toujours mieux qu’en 2005, au Laos, où il avait fallu douze heures pour 100 km après que le camion qui nous transportait avait crevé. Qui dit mieux ? ðŸ˜Š)

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Nichée à 3'100 mètres d’altitude, cette ville de 140'000 habitants est une halte bienvenue pour qui veut fuir la chaleur pesante de la capitale et, par la même, les ronchonnements, non moins pesants, de Stéphane qui ne s’y fait toujours pas… « Tcheu c’te tchaffe ! » Au mois de mars, c’est la saison des pluies. Une saison assez humide pour éviter le trop-plein de touristes, mais assez ensoleillée, tout de même, pour enfiler les chaussures de marche et goûter au silence des grands espaces.

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À Huaraz, où que vous portiez le regard, il y a les montagnes. Celles qui encerclent la ville d’abord. Peu escarpées, elles donneraient presque l’impression d’avoir le nez face à nos Préalpes fribourgeoises (« vaudoises » ça va aussi si jamais. On ne veut pas faire de jaloux !), à la différence près que leurs sommets, sans en avoir l’air, côtoient les 4'000 mètres d’altitude. Puis vers l’est, c’est la Cordillère noire qui les domine d’une tête avec ses cimes à plus de 5’000 mètres. Enfin, au nord, le royaume des géants : la Cordillère blanche et son majestueux Huascaràn, un colosse nappé de neiges éternelles, défiant le ciel de ses 6'768 mètres de hauteur. Avant nous, de grands noms montagnards – Loretan, Troillet et bien d’autres, - sont venus dans cette région pour se frotter à ses flancs et y laisser leurs empreintes, parfois même leur peau.

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Petits Suisses que nous sommes, perdus au milieu d’un monde vertigineux de beauté où de vieilles femmes coiffées de chapeaux et tannées par le soleil colorent les rues et les campagnes de leurs habits traditionnels, où des marchands ambulants tirent leur lourde charrette de bois ployant sous le poids des fruits, où la main du paysan travaille les champs de patates et de maïs encore à la houe et laboure la terre à la force des bœufs, comme on ne le fait plus en Suisse depuis des lustres. Un monde de légendes et de croyances ancestrales, que peuplent d’étranges divinités mi-homme mi-animal aux plumes de condors, aux crocs de pumas, aux formes de serpents et qui vous observent, immobiles et tapies, du fond des âges. Derrière les murs de ses civilisations disparues, un vent mystique souffle encore. Un monde, aussi, où les conquistadors ont « su » imposer, au cœur des cités, leur langue et leurs églises depuis cinq siècles. Pourtant, en 2017, subsistent encore des peuplades qui ont « su » résister à l’emprise coloniale. Pour les rencontrer, il faut monter encore et encore, à 4'000 mètres, voire davantage, là où le castillan et le christianisme, comme de nouvelles graines que l’on aurait voulu voir germer, n’ont pas pris. Là-haut, un mode de vie quasi autarcique, séculaire, à l’écart de toute mondialisation, dans lequel hommes, femmes et enfants parlent encore le quechua, un idiome venu tout droit de leurs ancêtres directs, les Incas.

 

Comme une force invisible, l’altitude dicte des lois auxquelles vous vous soumettez sans broncher. D’emblée, elle vous apprend à la respecter, à ralentir le pas et à ne pas parler lorsque vous montez, souffle coupé, les quatre étages de votre immeuble, ou lorsque vous grimpez les sentiers abrupts des alentours. Pour peu que vous ayez oublié chapeau et crème solaire, la voilà qui vous inflige un puissant coup de lune derrière la nuque quand le ciel vient à se dégager. Même chez vous, dans la cuisine, elle est là pour mettre son grain de sel en vous expliquant, un peu tard cette fois-ci, qu’un œuf mettra bien 20 minutes pour devenir dur.

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Ainsi va la vie dans les Andes…

 

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Toujours plus haut !

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Quelques jours après, nous allons visiter le site archéologique de Chavin, un temple magnifique vieux de 3'000 ans. Ce temple voyait venir des fidèles de toute l’Amérique du Sud pour assister à de gigantesques cérémonies.

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Pour y parvenir, trois heures de bus…

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Perché à 4'500 mètres d’altitude, le tunnel de Kahuish perce la Cordillère blanche d’est en ouest. En le franchissant, nous écoutons les informations transmises par notre guide. Dans un espagnol assez clair et lent pour qu’on la comprenne, elle explique qu’à partir de ce point, toutes les eaux du versant occidental se déversent dans le Pacifique, à 70 kilomètres de là. Côté oriental, du frêle ruisseau à l’Amazone, les flots se frayent un chemin long de 5'000 kilomètres jusqu’à l’Atlantique. Passionnant ! Si l’on fait abstraction de la route en lacets et de l’altitude, toujours elle, qui rebouillent les estomacs et provoquent une nausée tenace, nous pourrions facilement nous imaginer en train de suivre une leçon de géographie sur les bancs de l’école de Belfaux ðŸ˜‰.

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Alors, pour soigner le mal des montagnes, on s’en remet à la médecine naturelle locale et à sa plante magique : la feuille de coca. Qu’elle soit infusée dans de l’eau bouillante, appelée mate, ou simplement sucée sous la dent, l’effet que produit son suc apaise les maux. Même Nathalie, sujette aux migraines, a vu disparaître sa céphalée.

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La feuille de coca : un remède miraculeux dont on ramènerait volontiers quelques grammes en Suisse, mais impossible de la faire sortir des frontières péruviennes. La raison en est…stupéfiante ! ðŸ˜Š

 

Après cet épisode rafraîchissant, nous mettrons le cap sur Trujillo et sa chaleur étouffante. Mais ça, c’est une autre histoire.

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