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Cap-Breton, Nouvelle-Écosse

 

Sur un panneau, on peut lire :

 

Attention ! habitat de coyotes

Si un coyote s’approche de vous :

  • Ne courez pas !

  • Reculez lentement

  • Soyez grand

  • Défendez-vous !

 

Quelques règles qui ont pour effet d’accélérer les battements de cœur des enfants. D’autant que, nous l’avions appris trois jours plus tôt par un local, une jeune femme de 19 ans avait été tuée par l’un de ces canidés voilà deux ans, dans cette même forêt, de l’autre côté de l’île.

Le bout de bois que je tiens dans la main rassure un peu Arthur et Lætitia. Comme un aimant, leur petite peur maintient leurs chaussures à moins de quelques mètres de distance. Pas sûr de bien savoir quoi faire face à une meute de coyotes, mais il faut croire qu’un papa et un bâton, ou plutôt un bâton et un papa, ça apaise.

 

À pas de loup, notre petite troupe s’engage sur un sentier à peine plus large que nos pieds. A cet endroit, l’épaisse forêt boréale s’écarte légèrement pour ne laisser qu’un mince passage entre boulots, épinettes et fougères. Au milieu de cet environnement verdoyant, enveloppés d’une odeur d’aiguilles de pins, difficile d’imaginer que l’océan est à un jet de pierre.

 

Il est 17h30. Une bonne heure, selon les gens d’ici, pour tenter de surprendre un orignal, occupé à chercher de la nourriture avant la brunante (« crépuscule » en parlure québécoise). Deux mètres vingt au garrot et 800kg pour les plus gros mâles, la bébête en impose et peut se montrer agressive. Alors le surprendre oui, mais si possible pas de trop près.

 

Les promeneurs que nous saluons sont les derniers que nous croiserons. Désormais seuls, nous nous arrêtons un instant et cessons les chuchotements. L’oreille tendue, nous écoutons. Plus un bruit. Un désert sonore, presque assourdissant. On remercierait presque Dame Nature d’avoir placé un pic sur l’écorce d’un arbre, rompant le silence de son martèlement.

 

Loin de tout, la nature se rapproche et dévoile en chemin quelques-uns de ses timides locataires. D’abord, une couleuvre musardant dans la chaleur d’un pierrier, ensuite un écureuil virevoltant dans les branches, puis c’est au tour d’un groupe de geais de nous rendre visite avant de disparaître aussitôt. En cette fin de journée, les couleurs sont belles et la promenade magnifique.

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Au bout d’une heure, un petit lac ovale vient ponctuer la marche. C’est la limite des hommes. Plus loin, les Hautes-Terres-du-Cap-Breton s’étirent sur 50 kilomètres de forêt et vallées sauvages.

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Tout en contemplant la vue, on imagine déjà la photo. Celle d’un orignal aux bois immenses, les quatre pattes dans l’eau, en train de s’abreuver. Bon, un peu cliché, mais il faut bien nourrir son blog !

En attendant, on se laisse volontiers distraire par le vol précis d’un faucon pèlerin frôlant la cime des sapins à la recherche d’une dernière proie. Ou encore par ces quelques libellules, faisant du rase-motte au milieu des roseaux. Le vent lui-même n’est pas en reste et s’amuse, par petites rafales, à chatouiller la surface du lac, le faisant frissonner. Comme le dit joliment Lætitia : « Le lac, il a la chair de poule ! ».

 

Il est déjà 19h00, il faut y aller avant la nuit.

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Finalement, ni orignal, ni coyote, mais au moment de rentrer, on signerait volontiers pour une nouvelle balade...

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